Oviformia Sci

Oviformia Sci, madrid, 1982

Crackers in Krakow. Voulez-vous ?
Discotheques in Moscow. Tanzen sie ?
Aquariums in Sahara. Non e possibile !
Do you Believe China will Wake some Time ?
Paroles de Mao’s Children.

Nous sommes devenus un groupe culte, et sans mourir !
Clara Morán d’Oviformia Sci.

Tirant son nom du séquenceur Oviformia Secuencial Circuits, Oviformia Sci fut un groupe au destin paradoxal. Plutôt que Fashion Magazines, son leader Luis Prosper eut été plus inspiré d’intituler l’une de ses chansons Fashion Victims. Un goût excessif pour le maquillage et les tenues lamé, un cosmopolitisme outrageusement revendiqué et l’origine sociale privilégiée de ses membres feront le reste et colleront à ce groupe l’image persistante et calamiteuse de « gamins propres sur eux faisant joujou avec des machines ».

Clara Morán et Luis « Lucho » Propser,
1° Simposium Tecno, Marquee, 9 mars 1981

Apparus début 81 au sein de la première vague futuriste de la Nueva Ola madrilène, Oviformia Sci voit sa côte flamber dans la foulée des premiers concerts donnés au Marquee, au Golden Village et au Rock-Ola. Le groupe compte alors pour admirateurs des figures de la Movida telles Alaska, El Zurdo ou Paloma Chamorro, présentatrice de l’émission de télévision ultra branchée La Edad de Oro. Cette attention se propage aux medias qui offrent au groupe plusieurs apparitions télévisées incluant la réalisation de vidéoclips, genre alors presqu’exclusivement réservé à la télévision publique. En dépit de cette hype fulgurante et d’un début de popularité, Oviformia Sci se dissout cependant en 1983, sans avoir publié le moindre disque.

Fin de l’histoire, donc. Oviformia Sci restera dans les esprits pour quelques morceaux « vus à la télé » (Fashion Magazines, Hablamos de nosotros, Una nota de bianco) et pour son look néo romantique qui annonce la vague commerciale triomphante des groupes de variété électronique du milieu des années 80 (Mecano et compagnie). Sauf que… La publication par le label Elefant des enregistrements réalisés par le groupe entre 1981 et 1983, qui circulaient jusque là de façon pirate, va obliger, à trente ans d’intervalle, à corriger cette image et à reconsidérer la musique du groupe.

Oviformia SCI, 1° Simposium Tecno,
Marquee, 9 mars 1981

Rétrospectivement, le fait que le premier concert d’Oviformia Sci, alors en trio, se soit déroulé en mars 1981 dans le cadre du Simposium Tecno, en compagnie de formations aussi pointues qu’Aviador Dro, El Humano Mecano ou Los Iniciados, ne doit rien au hasard. Vêtus de « combinaisons plastiques et de couleurs métalliques, avec des tubes remplis de fluides colorés en guise de colliers et des réflecteurs de bicyclette collés au visage », Oviformia Sci y incarne pleinement cette fascination pour les synthétiseurs et l’esthétique robotique bricolée, propre au courant futuriste de l’époque. L’anecdote est désormais mythique : la Garde Civile fera irruption dans le local pendant le concert et embarquera Germán Espada d’Oviformia Sci au poste.

Nous avions grandi, se souvient Clara Morán, avec le kraut rock et les pionniers de l’électronique, et nous croyions dans le futur et la technologie. Une telle foi s’entend sur les meilleurs titres du groupe : Mi Teletipo, Fotografía, Mao’s Children, condensés de mélodies hypnotiques au son dynamique et effervescent. Si Oviformia Sci nourrissait son image de revues de mode et de références au cinéma, il s’avérait également obsédé par la science et la composition. Nous inventions tous les jours de nouvelles expérimentations, construisions les chansons visuellement sous forme de graphiques, choisissions des phrases au hasard dans le style dadaïste, se souvient encore Morán.

Sous la gravure de mode un peu lisse, apparaissent donc les contours d’un groupe perfectionniste et audacieux, réélaborant sans cesse ses morceaux dans son studio de répétition et d’enregistrement, un des rares à avoir poussé si loin, à l’époque, le travail sur les instruments électroniques. Un groupe capable d’intégrer la guitare électrique de façon brillante, avec l’arrivée de son quatrième membre, Paco Iriarte, en 1982, et dont le jeu bondissant portait les chansons d’Oviformia Sci dans une direction inexplorée, quelque part entre les Sparks, A Certain Ratio et Liaisons dangereuses.

Après un séjour en Angleterre, le trio initial retournera en Espagne pour former le groupe Heroica, auteur entre 1986 et 1990 de trois albums demeurés méconnus.

DISCOGRAPHIE

Hablamos de nosotros (1981-1983), Compilation LP, Elefant Records, 2014

PERSONNEL

Luis « Lucho » Prosper (Korg Polysix, Secuential Circuits Pro One, Roland TR 808, Moog Prodigy, voix) – Clara Morán (Roland MC 4, Roland SH 101, Moog Rogue, Synares, voix) – Germán Espada (voix, sensor) – Paco Iriarte (guitare, percussion, voix).

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