Lavabos Iturriaga

Lavabos Iturriaga, back cover du single China, Discos Suicidas, 1982

Xi il ri ma yoki. Xi il ri ma yoki il ki. Are bi so ri ii. Xi il ri ma yokiii.
Paroles de China.

Imaginez une sorte d’Eno/Byrne primitifs ou de Kraftwerk sous acide égarés au cœur du pays basque. Imaginez une musique célébrant la confusion des plans sonores, des continents, des langues et des genres musicaux. Ajoutez à cela le fait que les membres du groupe se présentent généralement couverts de maquillage blanc, habillés de lévites noires et de coiffes de la semaine sainte. Et vous obtenez une image assez précise de cet étrange combo basque, formé en 1981 à Getxo, sur les rives de l’estuaire du fleuve Nervion (ça ne s’invente pas), sous la houlette d’Oskar Amézaga.

Couverture d’Instantánea, EP,
Discos Suicidas, 1984

Bien loin de la tecno pop aseptisée de nombreux groupes de l’époque, la musique des Lavabos Iturriaga s’apparente à un torrent de sons troubles et bouillonnants brassant des influences très diverses, du psychédélisme au rock électronique allemand en passant par l’exotisme ésotérique et une prédilection pour les langues inventées. Parfois qualifiée de tecno siniestro ou de necro pop, aux côtés de groupes comme Los Iniciados ou Funeraria Vergara, leur musique fait la part belle aux boucles hypnotiques, aux mélodies stridentes, aux rasades de synthétiseurs et aux tempos enlevés, dégageant une énergie communicative.

Le premier enregistrement du groupe, réalisé comme les suivants au studio du Manoir, à Léon dans les Landes françaises, pour le compte de leur propre label Discos Suicidas (Les disques suicidaires), est un single composé de trois titres qui obtient un certain écho en Espagne. La chanson titre, China, passe régulièrement sur les radios basques et un clip est même réalisé pour la télévision locale naissante.

Malgré de brillantes prestations live, qui ne laissent personne indifférent, et un nouveau maxi single, Instantánea / Imágenes del Ruido, enregistré en 1984 après le départ de la chanteuse Ana Jiménez, le groupe, un peu isolé, peine à élargir son public. En 1989, en pleine apogée du rock radical basque, les Lavabos Iturriaga, désormais en trio, enregistrent à contre-courant un dernier disque, un MiniLP éponyme de 6 titres, alors fraîchement reçu par la critique.

Malgré ces déconvenues et une carrière en dents de scie (musicale), les Lavabos Iturriaga témoignent dans leur première phase d’un son cru et d’une authentique folie baroque qui les rend aussi uniques qu’éphémères. Oskar Amézaga continuera à s’occuper de Discos Suicidas, un des principaux labels du pays consacré au punk rock, actif jusque dans les années 2000.

DISCOGRAPHIE

China, Single, Discos Suicidas, 1982.
Instantánea / Imágenes del Ruido, Maxi, Discos Suicidas, 1984.
Lavabos Iturriaga, MiniLP, Discos Suicidas, 1989.

PERSONNEL

Óscar Amézaga (synthétiseur) – Roge Blasco (synthétiseur) – Paco Marcilla (basse) – Javier González « Koketo » (guitare, boîte à rythmes) – Ana Jiménez (voix).

VIDEO

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